Pastel
Animé par Martine MADELAINE-RICHARD
Comme beaucoup de personnes, j'ai, tout d'abord, succombé à l'attrait irrésistible de peindre à l'huile sur des toiles. Puis, en 1975, lors de son vernissage à Aix en Provence, l'artiste Daniel Ripoll m'a dit: " Avez-vous essayé de travailler au pastel? Cette technique convient particulièrement bien à la sensibilité féminine". Il me fit traverser le Cours Mirabeau, entrer dans un magasin spécialisé et me montra les petits bâtons de craie. Ce premier contact me bouleversa. Toutes ces couleurs, si pures, si brillantes. Mes yeux devaient briller comme des étoiles.
Rentrée chez moi, je commençai mes premiers essais sur du papier canson. Quelle sensation que de manier ces craies. Douceur, velouté de la poudre de pastel. Magie du pigment que n'altère aucun médium liquide. Contrairement à l'aquarelle ou l'huile, pas de pinceau entre le support et moi.Sensualité de la craie prolongeant les doigts. Sensation d'être en prise directe avec le sujet.
Très vite 12 couleurs ont été insuffisantes. Au fil du temps et des besoins j'ai élargi ma palette en fouinant chez diverses marques. Ici, les rouges sont extraordinaires. Là, les sombres sont fabuleux. Un beau jour, abandon du papier canson au profit d'un support abrasif. Révélation. Cela me permit des sous-couches pour des effets de texture. Les couleurs nouvelles posées légèrement vibrèrent, miroitèrent. Mes tableaux aux pastels prirent une autre dimension. Ce qui se traduisit par des invitations à exposer dans les galeries parisiennes, dans des Salons internationaux où mon travail retint l’attention des jurys.
Ce qui est également appréciable chez ce médium, c'est sa flexibilité. Il suffit d'ouvrir la boite, de prendre du papier et on se lance immédiatement. Pas besoin de longues préparations. On peut laisser l’œuvre , la reprendre. Celle-ci attend, immuable.
Chez le pastel, j'apprécie en sus de son côté tactile , sa vitesse d'exécution, sa spontanéité, la richesse des couleurs offertes. Également sa grande diversité d'emploi. On peut travailler alla prima, se laisser porter par l'émotion d'une lumière, d'une ambiance, d'un contraste. Ou bien se lancer dans un long travail au chevalet à la manière des peintres réalistes. Beaucoup d’œuvres réalisées au pastel sec peuvent rivaliser avec la technique dite reine: l'huile.
Le pastel sec ( ou pastel doux), à l'abri d'une vitre, supporte bien le passage du temps (contrairement aux autres techniques sujettes à des réactions chimiques souvent mal maîtrisées).
Quarante après, la magie opère toujours. Bien que j'ai recommencé à m'exprimer avec d'autres techniques, ce médium garde ma préférence. Je suis et revendique être pastelliste.
Le pastel contient en lui tant de poésie que celle-ci a lentement dérivé vers les mots. Ces dernières années mes œuvres m'inspirent des poèmes. A leur tour, certains des textes donnent vie à une œuvre. C'est difficile à expliquer. Cette évolution me vient naturellement. Parfois dans la fièvre, l'exaltation. Ou bien posément, sereinement, à petits pas... Dorénavant créations picturales et créations poétiques sont intimement liées.
Enseigner! Partager sa passion. Donner les clefs techniques, tout en laissant à l’élève sa personnalité. Ne pas entraver sa libre évolution vers un style très personnel. Le pousser sur le chemin de la découverte, de l'interprétation et, peut-être, vers l'invention.
Les cours apportent également la confiance, l'envie de se surprendre, une nouvelle motivation à emprunter des voies inédites...
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